Page Alexis Georgievitch d'Horrer et ses enfants
A partir de 1924, le pouvoir communiste s'en prit à eux en tant qu'aristocrates, pression qui ne fera que s'accentuer. Pour commencer, on enleva son travail à Katia, Evgueni fut rayé de la liste du Technicum où il étudiait, et toute la famille dut partir dans une ferme près de Kharkov, accompagnée de la famille Bitch-Lubensky, la soeur aînée de leur mère.
En 1927 ils furent privés même de leurs droits civiques, pour la même raison. Et en 1928, tous les habitants de la ferme furent obligés par le régime stalinien à s'exiler dans l'Altaï (montagnes proches de la Chine). Entre 1928 et 1931/32 ils y habitèrent le village de Lévinskoïé, puis leur destin diverge.
1° KATIA Georgievna d'HORRER
Elle fut amnistiée en 1955, mais pas réhabilitée, de sorte qu'elle ne retrouva pas ses droits à une pension. De 1955 à 1960, elle vécut avec d'autres membres de sa famille, puis seule, en recevant une petite pension d'invalidité. Célibataire, elle resta sans postérité. Elle mourut en 1980, âgée de 75 ans.
2° EVGUENI Georgievitch, comte d'HORRER : (sur cette photo il a 25 ans)
En 1934, la famille d'Horrer fut rétablie dans ses droits civiques. Mais quand le chef du T.O. d'Evgueni reçut ses documents de réhabilitation, il refusa de lui rendre sa liberté. Et lorsqu'Evgueni voulut protester, il écopa de 10 ans de plus pour "agitation contre le pouvoir soviétique" ainsi que pour "espionnage" à cause de son nom étranger... En 1937, il reçut encore 10 ans de régime sévère pour avoir participé à une révolte due à la faim. Selon les documents officiels, il mourut de néphrite au Goulag.
En 1958, quelques années après la mort de Staline, il fut enfin réhabilité à titre posthume (voir DOC-23 : Réhabilitation d'Evgueni, comte d'Horrer).
4° TATIANA Djorjevna d'HORRER (1913-1985)
Mais en 1937, son mari fut condamné à 10 ans de Goulag sans droit de correspondance, et en réalité fusillé le 20 novembre 1937. Après cette arrestation, Tatiana, avertie qu'elle allait être arrêtée elle aussi, se dépêcha de partir avec sa mère et sa fille à Alma-Ata, chez sa soeur Katia. Puis, pendant "l'arrestation" (officielle) de son mari, elle vécut chez son frère Alexeï et sa femme.
Elle en avait eu une seconde fille, Sofia Vassilievna (1948), qui porte par conséquent le nom de sa mère, d'Horrer.
Après guerre, dans les années 50, elle devint chef d'une petite entreprise et, de 1960 à 1970, elle représenta le directeur d'une entreprise de ravitaillement en pétrole du Kazakhstan. Elle passa ses quinze dernières années en maison de retraite. Elle mourut en 1985 d'une erreur de médecine.
Toute sa vie, elle garda sa mère, Olga (Delarue-) d'Horrer auprès d'elle, et aida grandement sa soeur Katia lorsque celle-ci devint folle. Elle avait donné une éducation supérieure à ses deux filles :
1/ OLGA Constantinova SMIERNITSKAYA, née en 1936, ingénieur en hydrotechnie, épousa Alexeï Garinine, d'où deux filles, Ioulia et Nina.
Ils habitent au Kazakhstan. Nous avons échangé par lettres, après qu'elle a reçu le livret sur l'Histoire des d'Horrer que j'avais fait. Nous nous sommes invités mutuellement, mais sans que cela aboutisse. (DOC 30 : Lettre d'Olga Garinina, fille de Tatiana d'Horrer (23 avril 1997)
Sophie et moi, à Bat-Yam (Israël), en 1995.
C'est elle qui a recherché les d'Horrer de France, et nous avons pu nous rencontrer plusieurs fois et correspondre. (Lettre de Sophie d'Horrer du 15.7.1993). Elle épousa successivement Alexandre Kem, d'où une fille, Valeria, puis Leonid Geikhman, un juif avec lequel elle émigra en Israël, à Bat-Yam, près de Tel-Aviv, où j'ai pu aller la voir. Elle est ensuite venue en France nous voir. Divorcée à nouveau en 1995, elle s'est convertie au catholicisme et est devenue religieuse à l'abbaye bénédictine du Mont des Oliviers, à Jérusalem.
1/ T.O. : Tiloboié opoltchenié, mot intraduisible qui désigne une forme de Goulag, sans tribunal, apparentée aux travaux forcés, où les soldats-prisonniers travaillaient aux puits, exploitations forestières et autres "constructions du communisme".
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