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Page Georges Iossifovitch d'Horrer et Olga Delarue
Il épousa en 1874, à Kharkov, Katia (= Catherine) Viatcheslvana Passek(1), née en 1856 et célèbre beauté de Kharkov. Les Passek étaient la branche cadette des ducs de Moldavie Kandemir (selon les Mémoires de T. P. Passek). Ce fut un mariage avantageux car Iékaterina apportait en dot le domaine de Démiakovka, non loin d'Okhtyrka, en Ukraine, une région très prisée par la noblesse russe au 19e siècle, l'arrondissement voisin de Bogodoukhov.
Malheureusement, en 1889 Iossif Ph. d'Horrer joua et perdit son domaine, après quoi la famille d'Horrer ne possédait plus qu'une maison à Kharkov dont elle louait le premier étage pour vivre. Iossif, très amer et devenu gravement malade, paralytique, passa les quinze dernières années de sa vie dans un dortoir, sans plus aucun contact avec ses amis et parents, si ce n'est ses frères de loge maçonnique. Il mourut en 1900. Sa veuve se remaria avec le médecin qui soignait son mari, Bronislav Grigorievitch Prjevalsky, et mourut en 1940 après tous ses enfants, seule, dans la clinique gérée par son second mari. En 1917, après la Révolution de Février, elle reçut une lettre de France, vraisemblablement d'Arsène d'Horrer, la transmit à son fils Georges qui répondit, mais sans réponse. (DOC Lettre de Sofia d'Horrer du 15.7.1993)
Ils avaient eu six enfants dont quatre fils : Georges (1875-1917), Sergueï (1877-19412), Evguénia (1879-194?), Véra (1885-1918) et Boris (1891-1937). Pour se repérer plus facilement dans la répétition des prénoms dans les deux lignées subsistantes, on notera l'alternance des Georges /Alexeï dans la descendance de Georges, et celle des Iossif/AlexeÏ dans celle d'Alexeï.
1° Le comte Georges Iossifovitch d'HORRER, à l'origine de la branche aînée, établie surtout en Sibérie, qui suit.
2° Le comte SERGUEI (Serge) Iossifovitch d'HORRER (1877-1942)
Il naquit le 30 août 1877 dans la propriété familiale de Démiakovka, près de Kharkov. Après s'être effacé devant son frère aîné Georges dans son amour pour Olga Delarue, il partit étudier la technologie en Allemagne, aidé financièrement par Georges. Inversément, après la mort de Georges, c'est Sergueï qui aidera financièrement sa veuve et ses quatre enfants.
Diplômé de l'Institut de Technologie de Kharkov, il y devint professeur en thermodynamique spécialisé dans les moteurs thermiques et les turbogénérateurs. Sa mémoire est encore vive dans cet Institut, et la bibliothèque compte encore des des ouvrages de Sergueï d'Horrer comme "Les dernières méthodes de calcul des turbines à vapeur", "Thermodynamique technique", etc. (DOC 28 : Manuscrit de Serge d'Horrer "Steam Turbines").
Il contribuera plus tard au développement de l'industrie mécanique en Ukraine grâce au diesel, puis travaillera à l'Institut d'Aviation de Moscou.
Il n'a jamais fait de politique ni appartenu à quelque parti que ce soit. Mais ayant ses deux frères Georges et Boris en rebellion contre le régime, il était très inquiet pour sa famille et, par prudence, il renonça à son titre de comte. Il alla se réfugier à Rostov-sur-le-Don (sud de la Russie, près de la mer d'Azov). Mais le régime était concient de "l'irremplacibilité" des spécialistes de l'Ancien Régime, de sorte qu'il fut épargné quelques années. La famille faisait profil bas, avec quelques petits boulots pour traverser cette période difficile. Il put même donner des conférences, mais il eut l'imprudence de faire l'éloge des technologies étrangères.
Il fut arrêté dans les grandes purges staliniennes de 1937. Les conditions y étaient inhumaines ; les prisonniers étaient à l'abbatage. Il mourut de faim le 7 décembre 1942 dans le célèbre Goulag de Karaganda (KARLAG), où 800.000 personnes furent détenues... Mais en 1940, il avait pu rencontrer sa femme au camp, ce qui était un privilège rarissime, et peu avant sa mort, il avait pu faire parvenir une lettre à sa fille Olga, dans laquelle il demandait un petit morceau de pain... J'ai pu lire cette lettre à Moscou, elle est actuellement chez sa petite-fille Elena d'Horrer.
Sa veuve, qui parlait plusieurs langues étrangères et était cultivée, aurait pu enseigner mais, en tant que "femme d'un ennemi du peuple", elle n'avait pas le droit de travailler et n'obtint qu'un emploi au noir très pénible dans une usine de fabrication de bas...
Sergueï et Olga d'Horrer avaient eu trois enfants :
1/ Le comte OLEG Sergueievitch d'HORRER, né vers 1916, se suicida le 11 mai 1935, à l'âge de 19 ans. Il termina très jeune ses études de chimie à l'université de Léningrad. Mais l'assassinat de Kirov marqua le début des grandes purges, il y eut un regain de terreur et, peu avant l'arrestation de son père, il fut radié du Komsomol, en butte aux harcèlements de ses camarades puis exclu de l'université. Il se rendit alors dans son laboratoire et se suicida en s'empoisonnant.
3° EVGENIA Iossifovna d'HORRER (1879-194?) naquit elle aussi dans la propriété familiale de Démiakovka. Elle fit des études de médecine et devint gynécologue. De retour à Kharkov, elle épousa Nicolaï Vassilievitch DOROCHENKO, avocat ukrainien dont elle eut un fils et une fille.
Après la Révolution, la famille Dorochenko était aisée. Mais elle s'éloigna de la famille d'Horrer, dont trois membres étaient déjà morts de la main des communistes. Et après l'arrestation de son petit frère Boris d'Horrer, tous les contacts furent perdus avec Eugénie et sa famille.
4° VERA Iossifovna d'HORRER naquit en 1883 dans la propriété de Démiakovka. Elle aussi fit des études de médecine et devint chirurgienne à Moscou. Elle épousa le prince (Sergueï Pietrovitch ?) OUKHTOMSKI dont elle avait d'abord été la maîtresse, et en aurait eu un fils, décédé aux Etats -Unis vers 1953. Celui-ci écrivit en 1960, de Floride, à Olivier d'Horrer pour lui faire part du décès de sa femme.
En 1918, elle l'accompagna dans la guerre civile aux côtés de l'armée Blanche, opposées à la Révolution, où son mari était colonel. En 1919/1920, il tomba malade su typhus et Vera passa ses jours et ses nuits à ses côtés. Mais, ayant elle-même attrapé le typhus, elle en mourut.
5° Le comte ALEXEÏ Iossifovitch d'HORRER
Licencié en droit et en médecine, il fut avocat comme son frère aîné Georges. Mais, à l'inverse de tous les autres d'Horrer, son idéal politique était de gauche. Il était socialiste révolutionnaire, si bien qu'il connut pendant sa jeunesse tantôt l'exil, tantôt les prisons du tsar. Et c'est grâce aux cautions payées par son frère Georges qu'il en était libéré.
En 1906, il fut arrêté pour appartenance au parti socialiste-révolutionnaire. En 1907, il fut condamné à deux ans d'emprisonnement et déchu de son titre de comte. Après cela, il fut exilé sous la surveillance de la police à Vologda.
A Vologda, il fit la connaissance d'une jeune socialiste-révolutionnaire également exilée, Victoria Vladimirovska Dilievska, née en 1886, fille d'un aristocrate polonais. Il l'épousa en 1910 et ils vécurent à Vologda. En 1911, Staline, encore inconnu, passa deux semaines chez les d'Horrer. En 1912, à sa dernière libération de prison, Alexeï partit rejoindre son frère Georges à Ashkâbâd (Turkménistan), où il travailla comme avocat.
Ce groupe d'insurgés créa un "Gouvernement provisoire transcaspien" lié aux forces anglaises et turques, dirigé par Funtikoff. Alexeï d'Horrer en devint le
Alexeî d'Horrer et Victoria Dilievska sont à l'origine de la branche dite "de Toula". Ils eurent trois enfants, dont les deux premiers entrèrent au Parti communiste. Mais comme leurs petits-enfants me l'ont dit de vive voix quand je les ai rencontrés à Moscou, notre famille était handicapée par sa noblesse - d'ailleurs mentionnée sur la carte d'identité - et l'inscription au Parti ne représentait rien d'autre que la possibilité de faire des études supérieures, d'obtenir un emploi conforme à ses qualifications, d'être militaire et de faire carrière.
Il rejoignit le Parti communiste en 36, participa à la guerre de Finlande en 39, fut gelé et on dut l'amputer des orteils. il entra ensuite dans le Corps des Volontaires du peuple et prit part à la défense de Moscou contre les nazis. Sa dernière lettre du front date de 1941. Il semble qu'il soit mort des suites de ses blessures, âgé de 31 ans.
En tant que membre d'un groupe de jeunes contre-révolutionnaires, Boris fut arrêté le 11 juin 1937, condamné le 12 novembre et exécuté le 19 novembre 1937. Il fut réhabilité le 14 juin 1963.
NOTES
1/ Passek : Famille noble originaire de Bohême. Danila Ivanovitch Passek a pris la citoyenneté russe au XVIIe siècle après l'annexion de Smolensk par les Russes.
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